Les nouveaux Marseillais

Notre vieille maison surplombe le Vieux port.
Quand on prend l’apéro le soir sur la terrasse,
– Un jaune* bien tassé pour oublier la crasse
De cette pollution estompant le décor –

L’on perçoit la rumeur liquide de la mer,
Surtout si le mistral l’agite et la malmène.
La ville autour de nous peut paraître inhumaine
Avec tout ce boucan qui en fait un enfer,

Mais nous n’en avons cure et nous sentons heureux !
Charmés par cet été qui écrase Marseille
Depuis le mois de juin, l’on rit et s’émerveille
D’avoir choisi au Sud cet endroit chaleureux

Où les gens savent rire et chantent en parlant.
L’on a peint la maison d’un rouge grenadine ;
Quand le jour s’assombrit, le couchant l’illumine
Et la fait flamboyer comme un phare aveuglant

Au large de la nuit… Sitôt qu’il fait trop chaud,
L’on rentre à l’intérieur abreuvés de lumière ;
L’ombre nous y saisit, et les vieux murs en pierre
Nous enferment soudain comme au fond d’un cachot,

Mais ce n’est qu’un instant inquiet et volatil !
Il fait si frais dedans que nos corps nus frissonnent :
Moment délicieux ! Non, jamais plus personne
Ne nous affectera ailleurs qu’en cette ville…

* En Provence : un pastis

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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