Les deux loups

Dans les ruelles bleues du village endormi
Sont passées ce matin deux ombres silencieuses :
C’étaient deux grands loups noirs à l’allure orgueilleuse,
Ces loups dont tout berger est le pire ennemi.

Le premier était vieux, traînant un peu la patte.
Le second le suivait comme l’on suit le chef,
Juste un peu en retrait. Eloignés de leur fief
Tout-là haut dans l’Ubaye, de vrais aristocrates

A l’air très assuré et forts de leur bon droit !
Ils traversaient Le Sauze, absolument tranquilles
Dans la rue assoupie de la petite ville.
Ils n’y redoutaient rien, ils en étaient les rois.

La lune est apparue, bien claire et toute ronde…
Alors les deux grands loups se sont soudain dressés
Sur leurs pattes arrière ; ils se sont transformés
En chevaliers d’antan, projetés hors d’un monde

Evanoui depuis un peu plus plus de mille ans.
Ils étaient tout armés, portaient une cuirasse
Tout empéguée de sang. Derrière eux nulle trace
Car ils étaient sans poids… Puis la lune en roulant

S’est enfuie dans le ciel. Tout aussitôt les hommes
Sont redevenus loups, soudain ré-enchantés.
Ils sont donc repartis, esprits noirs et hantés,
Espérant bien un jour redevenir comme

Ils étaient autrefois avant d’être maudits
Pour avoir trop tué, courant de guerre en guerre.
Une bonne leçon ? Oui, mais c’était naguère,
Quand la mort était laide et le crime interdit*

De nos jours, ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ? Hum !

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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