Les destructeurs

Bientôt, certainement, j’irai sur mon nuage.
Je pense en avoir un qui m’attend tout là-haut
Au-delà de ma vie. Il n’y fait point trop chaud
Ni trop froid. L’on est bien. Il paraît que l’usage

Est d’y rester un peu avant son Paradis.
Un conte, dites-vous ? Moi, c’est ce que j’espère…
Oh, m’éloigner enfin de la fiévreuse sphère
Que l’Homme a asservie, même s’il est réduit

A un point dans l’Espace, égaré, minuscule ;
Infiniment nocif bien qu’il n’y soit qu’un rien
Ou vraiment peu de chose ! Insignifiant Terrien
Avec ses illusions, sa morgue ridicule !

En s’en croyant le roi, l’idiot anéantit
Sans aucune vergogne un bel astre éphémère
Dont il fait peu à peu un égout délétère
Qui s’en va l’engloutir pour l’avoir tant détruit.

Je ne le saurai pas car je serai partie :
L’automne est déjà là. Moi je suis en hiver.
L’Homme n’est qu’un virus, un méprisable ver
Dont la Nature enfin se verra départie

Pour pouvoir respirer. Mais moi, je serai loin
Et n’assisterai point, de mon joli nuage,
A la fin des Humains. S’ils avaient été sages,
Ils auraient eu ici de fort beaux lendemains :

Ne pas toujours vouloir des choses inutiles
Qui ne servent à rien ! Aimer et respecter
Tous les êtres terriens ! Laisser inhabités
Des lieux se portant mieux sans leur présence hostile…

Mais ils sont en automne et je suis en hiver.
Je m’en vais donc partir pour mon joli voyage
En n’éprouvant plus rien… Oh si ! L’énorme rage
De voir qu’est mort de chaud mon beau jardin si vert…

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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