Le village-mirage

Village englouti

La brise s’est levée et l’eau terne frémit.
Sous sa surface grise, un antique village
Se délite et s’efface. Un village-mirage,
Un village-illusion qu’on a enseveli

Sous l’épais linceul noir d’un grand lac assassin.
Alentour la montagne est infiniment triste :
Grisaille de la pierre infertile ou du schiste
Aux feuillets poussiéreux surplombant le bassin ?

L’automne est à l’affût sur les monts embrumés
Dont les vagues sommets ont des formes spectrales.
Un léger crachin pleut des nuées atonales
Où le soleil falot tente de s’allumer.

Il n’y a pas un bruit, mais parfois sourd de l’eau
Le son d’un carillon. C’est celui de l’église
Submergée autrefois dans cette fosse grise
Où elle est engloutie. Un infime grelot

Qui tinte au fond du lac ! Et peut-être activé
Par le fantôme las d’un Ancien du village
Qui n’a pas supporté l’innommable naufrage
De la terre bénie qu’il n’a pas su sauver ?

La surface de l’eau, couleur de vieil étain,
S’est maintenant figée. La cloche s’y est tue.
Il fait froid, il fait gris. La montagne pointue
Avale peu à peu le soleil presque éteint.

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Automne, Cités provençales, Contes, Hiver, La Haute Provence. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *