Poème illustré par :
Valéry Quitard
Il était une fois un gros fruit sans malice,
Une sphère blond-vert, un ballon ferme et clair
Qui ravissait la vue et dispensait sa chair
Liquoreuse et sucrée sous son écorce lisse
Aux gens de Cavaillon sans aucune avarice…
Mais le repas fini, c’était un vrai tintouin
Que d’en distribuer part égale à chacun :
Tous se sentaient lésés, se traitaient de jocrisses,
Egoistes, gourmands ! C’était très difficile
D’être un bon découpeur avec ce fruit trop rond
Qui glissait et roulait comme un foutu ballon
Malicieux et roublard jusqu’au bout de la ville.
Se montrer juste, aussi, était un cauchemar !
Certains en avaient trop, d’autres une lichette.
Quand venait le dessert, l’on se prenait la tête :
A qui donc échoirait ce foutu traquenard ?
Lors le bon Saint Véran, que chacun respectait,
Se décida enfin à arranger les choses :
Il fallait promptement éliminer la cause
D’un tel chambardement et en trouver la clé….
C’est alors qu’il comprit : son long ongle effilé
Pourrait tracer des lignes tellement équitables
Que les parts de melon seraient toutes semblables !
L’on ferait le partage en parfaite équité.
Cavaillon recouvra calme et sérénité…