Le Drac

Poème illustré par une gravure de :

Gustave Doré
(1832-1883)

C’est en l’an 400 – d’après ce qu’on en dit –
Que lors d’une tempête, en crue, la Nartuby
Déborda de son lit ; puis laissa derrière elle
Un horrible fléau, une offrande cruelle

Pour les gens du pays : un immonde dragon
Aimant la chair humaine, et surtout les tendrons
Se risquant à sortir trop loin de leur village.
On se résolut donc, comme le veut l’usage,

A déléguer au Drac deux pauvres malheureux…
Avalés sur le champ. Ce n’était pas sérieux,
Car il n’était pas monstre à entendre raison !
Tous de se rencogner alors dans leur maison

Et de prier le Ciel… C’est ainsi qu’Hermentaire,
Passant non loin des lieux, entendit leur prière ;
Il brandit donc sa croix pour immobiliser
Ce suppôt des Enfers qui en fut statufié,

Collé tout ridicule à l’énorme rocher
Qui était son repaire ! Et pendant des années,
On le vit dépérir jusqu’à ce qu’il n’en reste
Que de grands os blanchis. Un sort vraiment funeste,

Mais parfaitement juste ! Et tous les paysans,
Acclamant leur prélat, nommèrent « Draguignan »
Leur village sauvé pour eux, les Dracénois !
C’est du moins ce que conte un récit d’autrefois…

 

 

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Cités provençales, Contes. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *