Poème illustré par un dessin de :
Raymond Peynet
(1908-1999)
C’est un coeur d’artichaut, si chaud et si sensible
Qu’il se sent tout benêt dès que passe une belle ;
Les mélodies d’amour, les tendres ritournelles
L’émeuvent malgré lui ; c’en est presque risible !
C’est depuis ce printemps qu’il ne résiste pas
A l’invincible attrait d’un trop joli visage.
Les filles le perturb(ent), il ne peut rester sage
Tant elles ont pour lui de délicieux appâts.
Aujourd’hui, c’est Manon : il la trouve adorable,
Songe même à mourir pour lui prouver sa flamme
En lui sacrifiant tout : son coeur, sa vie, son âme…
Mais qu’au moins une fois elle le trouve aimable
Et le remarque enfin ! Puis s’en vient Magali…
Il oublie la blondeur de son autre promise
Et ne voit plus soudain que la bouche en cerise
De la brune Arlésienne. Oh, qu’elle est donc jolie
Avec ses longs yeux noirs et ses boucles d’ébène !
Il a le coeur qui fond… Mais voici Marion
Qui pousse son vélo, ahanant tout au long
De la rue Bénezet. Sitôt il se démène
Pour l’aider de son mieux. De longs cheveux d’argent,
Des yeux couleur de mer, un derrière dodu :
Le voici de nouveau tous sens dessous dessus…
Il faut dire qu’Axel a tout juste seize ans !