Le bourreau de travail

Le Printemps est fébrile : il est en train d’oeuvrer,
Sans que vous le sachiez, à tout bien préparer.
C’est un charmant coquin, bien qu’un peu hypocrite :
Caché dans son repaire, il fait sa chattemite

Pour qu’on le croit doué ; mais c’est en vrai bosseur
Qu’il fait bien son boulot, d’autant que successeur
De ce fichu Hiver, il turbine et travaille
A s’en rendre malade ! Il doit vaille que vaille

Peaufiner son projet et bien penser à tout
Pour ne rien oublier ! Etre présent partout,
Etre en tous lieux reçu tel un gai émissaire
D’un long temps du beau temps. Un ami nécessaire !

Au fond de sa tanière, il y a un bassin
Serti de pierreries, fait de l’or le plus fin :
Il y stocke une pluie tiédasse et nourrissante
Dont il va arroser ses plantations naissantes ;

Graines de papillons et chants d’oiseaux très purs
Sont rangés dans des bacs voilés d’un bout d’azur ;
Arbres en devenir, fleurettes et charmilles
Attendent sagement qu’il les range et les trie ;

Dans des baquets d’argent, il a entreposé
Des graines par milliers, dont il va arroser
Les champs et les jardins. Plantes de toutes sortes,
Et qu’il gorge de sève, afin qu’elles ne sortent

De leur germe costaud qu’en très bonne santé…
Le Printemps veille à tout, fiévreux et agité
Parfois d’un gros orage. Il est perfectionniste,
Et même quelquefois un peu jusqu’au-boutiste

Tant il veut ardemment que tout soit réussi.
Mais il va réussir, et le Temps adouci
Est tout prêt à l’aider ! Mars se fait doux et tendre.
Il nous reste vraiment peu de jours à attendre…

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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