La Visiteuse

Elle a tout doucement posé sur mon épaule
Sa petite main fine aux doigts arachnéens,
En la serrant un peu. C’était tôt le matin
Mais peu importe l’heure : Elle jouait son rôle

Et voulait me prouver qu’Elle était toujours là :
Une ombre familière et que je sais fatale ;
Silhouette diaphane et présence normale
Quand on a pris de l’âge, attachée à vos pas.

J’ai bien senti Sa main, lège telle une plume,
Qui a pressé ma peau ; et sur le champ mon coeur
S’est mis à tressauter, comme si une erreur
L’avait déprogrammé. Puis l’amante posthume

A retiré ses doigts, le flux s’est rétabli…
Mais Elle n’est pas loin, telle une fée charmeuse
Qui aime bien jouer aux divas capricieuses
Et veut toujours montrer Son pouvoir infini.

Elle me suit souvent. Je La sens là, derrière,
Qui voudrait me faucher tout en jouant un peu.
C’est une jeune fille ; Elle est vêtue de bleu ;
Ses cheveux sont tressés de nuit et de lumière

Mais je ne La crains point : je suis plus forte qu’Elle !
Peu m’importe après tout si Elle gagne enfin…
Car On m’attend ailleurs, là-haut vers les confins
D’un monde sans douleurs. Et mon âme a des ailes…

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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