La survivante

fleur d'oignon sauvage

Une herbe s’est cachée derrière le talus
Sous une grosse pierre. Et là, elle n’a plus
Qu’à attendre à l’abri de tous les courants d’air,
En faisant front au gel, au mistral, à l’hiver

Qui vont bientôt tenter de lui faire la peau.
Le sol est dur et sec, avec un filet d’eau
Tout juste suffisant. Elle souffre du froid
Dans son tout petit coin, tellement que parfois

Elle a vraiment envie de se laisser aller !
Mais telle du chiendent, elle veut résister,
Endurant chaque jour la torture absolue
D’un abandon total sur la pierraille nue…

Et puis trois mois plus tard elle sent que sa sève
Court bien plus librement. Quelque chose soulève
La terre sous sa tige. Elle a beaucoup moins froid.
Le soleil la frôlant du bout chaud de ses doigts

Fait jaillir trois bourgeons de sa tête dressée,
Et petit à petit des feuilles hérissées
En font un porc-épic végétal et tout vert
Qui a tout oublié des affres de l’hiver.

Brindille bien costaude, herbe de la Provence
Dont j’ignore le nom, et fétu dont je pense
Qu’il représente bien la vigueur du Midi :
C’est un tout petit rien, un symbole de vie !

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Hiver, La Provence au coeur, Printemps. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

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