J’ai trempé mon pinceau dans le coeur d’un volcan
Pour peindre le soleil. Mais c’était décevant :
La lave était trop tiède et trop pâle l’image,
Bien trop molle et trop fade, une effigie trop sage.
J’ai pris des braises bleues, les ai lancées au vent
Et j’en ai pris le feu pour dédier un ardent
Hommage à l’astre blanc qui dévore nos plaines.
Mais je n’étais encor pas au bout de mes peines.
J’ai expérimenté tout ce qui brûle ici :
Le fond de coeurs rongés par la haine et la nuit,
L’amour fou qui détruit et celui qui dévore,
L’incandescence jaune et la fusion de l’or.
Mais je ne savais pas, et mon insuffisance
Détruisait la couleur. Face à mon impuissance,
J’ai alors décidé de n’user que de mots.
N’est pas peintre qui veut. Le verbe est mon pinceau.