Poème illustré par un tableau de :
Zvonko Sigetic
La neige en pointillé, qui voltige et qui danse,
Boursoufle les flancs gris du triste* et vieux Cimet.
Mais comment se peut-il qu’aussi léger duvet
Réussisse à gonfler avec tant de patience
Ces lignes ébréchées, tortueuses et noires,
Leur donnant un aspect un peu moins hérissé?
Des flocons si ténus, aptes à tapisser
Un paysage entier d’une moquette ivoire !
Ils ont tout recouvert, malgré l’insignifiance
De leur taille modeste, et ils ont arrondi
Tout le panorama d’ici jusqu’au Midi,
S’agglutinant entre eux. Modèles d’insouciance,
Ils semblent nonchalants, destinés à la danse.
Voletant dans l’air bleu, ils valsent lentement
Ballottés par le vent. Et insidieusement,
Il se muent en tapis sans qu’on en ait conscience.
Bientôt un édredon curviligne emmitoufle
Les vieux chalets épars au long des chemins creux,
Jusqu’à ce qu’amollis, les flocons moins nombreux
Freinent leur chute ailée pour mieux reprendre souffle.
La lumière fleurit. La montagne est si blanche
Qu’elle semble éclairer le ciel bleu outremer
Tellement calme et pur qu’on va aimer l’hiver !
Un choucas s’est posé sur un sapin qui penche…
* A cause de l’avion d’air France qui s’y crasha le 1 septembre 1953 : 42 morts !