Sur la plage d’En-vau, il fait encor très chaud.
La nuit est très profonde, il y a peu de lune.
C’est pourtant sans souci de la pénombre brune
Qu’une fille est couchée ; et vraiment peu lui chaut
D’être ainsi aussi seule alors qu’il fait si noir !
Mais quelle heure est-il donc ? Un peu plus de trois heures…
Elle est allongée nue. Parfois sa main effleure
La surface marine où l’on peut entrevoir
L’ombre de grands poissons qui divaguent sous l’eau.
L’été est si brûlant que la mer est très chaude,
Mais elle n’a pas peur des ombres qui y rôdent…
Elle semble dormir sous le maigre falot
De la lune indistincte, et sur son corps très blanc
Miroitent des reflets nacrés comme l’ivoire.
L’onde bleue a lustré sa chevelure noire
Luisant tout irisée sous le ciel accablant.
Il n’y a aucun bruit, la vie a disparu ;
Rien ne bouge ici-bas et tout est immobile.
La Méditerranée, pourtant si volubile
Et toujours agitée, ne bruisse même plus,
Maîtrisant son roulis pour être à l’unisson
Du sommeil de la belle. Elle est douce, elle est calme.
La fille est mince et nue, souple comme une palme,
Et juste sous sa taille, une queue de poisson…