Poème illustré par une tapisserie de :
Gaston Thiéry
(1922-2013)
Mon jardin est minable : il paraît même sale
Avec un peu partout des petits tas jaunis
De feuilles amassées, des végétaux pourris
Que disperse parfois une longue rafale
De mistral ravageur. De longs filaments gris
Pendouillent tristement des branches presque nues
Qui tendent leurs longs doigts en s’accrochant aux nues.
Même le romarin qui semble rabougri…
Il faudrait nettoyer, jeter les feuilles mortes
Dans un immense feu qui embraserait tout.
L’automne est languissant, qui propage partout
Son atmosphère glauque. Il entr’ouvre sa porte
Sur le monde expirant et morne de l’hiver.
Plus rien n’a l’air de rien ; tout paraît insipide.
Les moineaux se sont tus, et leur nid semble vide
De toute vie possible au coeur du chêne vert.
Le jardin est bien terne ; il est comme incolore
Sans ses fleurs en folie qui le rendaient si gai.
Le jardin est bien gris sous le ciel fatigué
Où le soleil pâli n’a plus aucun ressort ;
Le jardin terne et gris est comme ravagé.
Et pourtant je sais bien qu’en sa terre profonde,
Il y a de l’espoir ; que la vie y abonde,
Qui naîtra au printemps, toute à son apogée.