En octobre à Marseille il y a quelque chose
Qui l’affecte et le navre, et il flotte dans l’air
Des relents d’amertume, Evidence morose
Que l’été est fini et que s’en vient l’hiver.
La mer est délavée et les jours raccourcissent.
Le soleil tôt couché se mue en cercle ombreux,
Effacé lentement par le vent qui s’immisce
En bouboulant* tout doux jusqu’au cœur ténébreux
Des ruelles pentues dévalant des collines.
Le seul talent du vent, c’est qu’il laque le ciel
D’un bleu dur purifié et presque artificiel,
Avec parfois le soir des touches violine.
Il faut donc espérer que les arbres jaunissent,
Que le temps moribond pointille d’orangé.
De cuivre et de doré leur feuillage effrangé
Pour que nos lourds regrets peu à peu s’aplanissent,
Pour enfin retrouver quelque charme à l’automne !
Mais la ville ressemble à ces villes du Nord
Dont le ciel défraîchi est d’un gris presque atone,
Où le soleil oublie qu’il irradie de l’or…
A Marseille, en octobre, rôdent la nostalgie
Et l’absurde désir de l’été qui n’est plus,
Dont l’automne maussade a détruit la magie.
Les longs jours de l’été sont des jours révolus…