Chagrin d’amour

Ne me réveillez pas, je suis bien sur la plage,
Bercé par le frou-frou cajoleur de la mer.
Car Jeanne a  fait de moi un homme si amer
Que je dors là tout seul, dénué du courage

Qui me ferait enfin surmonter mon chagrin.
Le soleil est radieux. C’est bien pour les vacances,
Mais tellement normal pour nous, gens de Provence,
Qu’on ne sent même plus l’impact de son venin.

Il ne me gêne pas. Du fond de mon sommeil,
Je sens ses rais aigus et embrasés qui frôlent
Mon corps abandonné. Et mon rêve s’envole
Vers la douce utopie des merveilleux réveils

Où Jeanne m’effleurait de ses longs doigt brûlants…
Ne faites point de bruit, vous les gens sur la plage !
Ne brisez point mon rêve en forme de mirage,
Laissez-moi divaguer en me dissimulant

Qu’elle s’en est allée et que tout est fini.
Le sable est un peu dur. Si le soleil me brûle,
L’eau d’un bleu outremer chante et tintinnabule !
Mais rien ne peut bannir mon chagrin infini.

Vos gueules, les gabians* ! Laissez-moi donc dormir,
Oublier le passé, m’abîmer dans mes rêves…
La mer tout en dansant désagrège la grève
Et ses flots criminels poussent de longs soupirs.

* Les mouettes en Provence

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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