Ah ! S’il n’y avait pas cet assommant mistral,
Nous mènerions ici une vie idyllique !
Déferlant de là-haut jusques au littoral,
Il déboule chez nous en tyran colérique
Et nous excède tous avec sa véhémence !
Décrit par les Anciens – presque mis à l’index !
Comme un des trois fléaux ravageant la Provence :
Le mistral, la Durance et le Parlement d’Aix,
Il nous casse les pieds hier comme aujourd’hui !
Ses saisons préférées ? Le printemps et l’automne,
Et puis l’hiver, bien sûr… Et les beaux jours aussi !
Car sachez, bonnes gens, que ce fichu béjaune
Peut se manifester dès qu’il en a l’envie.
C’est un caractériel, il souffle quand il veut…
Il préfère pourtant, plus souvent, prendre vie
Quand il fait froid au Nord. Rarement quand il pleut :
Le bougre n’aime pas bosser les pieds mouillés,
Il aime son confort, une terre très sèche.
Mais félicitons-le quand le ciel barbouillé
Retrouve sous son souffle une nuance fraîche,
Un bleu tonitruant déclamant à tue-tête
Sa joie d’être en Provence. Il possède au moins ça :
Le pouvoir d’expulser à grands coups d’époussette
Tout nuage perdu qui vogue ci et là !
Car ce vent irritant est un grand inventeur
Qui nous a concocté un bleu incomparable :
Bleu-mistral presque sombre, incroyable couleur
Tellement absolue qu’elle est invraisemblable…